« Le pays de Liège qui fait partie du cercle de Westphalie, méritoit autrefois les attentions. & les ménagemens des puissances voisines : situé entre les Pays-Bas, l’Allemagne & la France & habité par un peuple inquiet, remuant & belliqueux, ce petit état s’attiroit une certaine considération. Les Liégeois, excités & soutenus par la France, donnèrent de l’embarras aux puissans princes de la maison de Bourgogne, qui regnoient dans les Pays-Bas; mais les victoires de Philippe-le-Bon & les humiliations qu’ils essuyèrent de sa part & de celle de Charles-le-Hardi, éteignirent en eux le goût de la guerre, de sorte qu’on ne vit plus depuis d’armée Liégeoise.
Pendant les guerres terminées par les traités des Pyrénées, d’Aix-la-Chapelle, de Nimegue, de Riswick & d’Utrecht, les citadelles de Liège & de Huy, qui rendoient les Liégeois maîtres des deux passages importans sur la Meuse leur valurent encore des égards de la part des puissances belligérantes ; mais ces deux forteresses ayant été démolies pour toujours, le pays de Liège n’entre plus dans des objets de guerre que comme un pays ouvert qui n’étant point en état de faire respecter sa neutralité , est exposé à être occupé par des armées étrangères, tant pendant la campagne que pour des quartiers d’hiver.
Dans les démêlés entre les Pays-Bas & le pays de Liège, les Liégeois ont souvent réclamé la protection de l’empereur & de l’empire ainsi que celle de la couronne de France, & les protections, loin d’avoir été infructueuses, ont quelquefois arrêté ou suspendu l’exercice des droits légitimes des souverains des Pays-Bas. »
Mémoires historiques et politiques sur les Pays-Bas autrichiens, et sur la constitution, Amsterdam, Tome Second, 1795
L’esprit Liégeois
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