Archive for the 'voyage' Category

De Liége à Verviers en chemin de fer le long de la Vesdre, par Th. Gauthier

7 janvier 2008

« De Liége à Verviers, le chemin de fer, piqué sans doute de s’entendre reprocher son amour pour les plaines et son dédain des sites pittoresques, a choisi, comme eût pu le faire une route d’autrefois, un terrain des plus accidentés; une petite rivière, la Vesdre, s’amuse à barrer le passage au railway avec une obstination mutine.A chaque pas, il faut l’enjamber par un pont. Le pont franchi, une colline se présente, vite un tunnel, et ainsi de suite alternativement.

Vesdre - Chateau de haute FraipontLe paysage qu’on traverse est délicieux ; ce sont des pentes boisées, relevées d’assez de roches pour être agrestes et non sauvages, constellées de villages, de châteaux et de maisons de campagne. La Vesdre joue au fond de tout cela, à travers des saules, des aunes et des peupliers, et produit des effets charmants. »

Caprices et zigzags, Théophile Gauthier, 2è ed, 1856


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Panorama de Liège depuis le pied de la citadelle, par Alexandre Dumas

13 novembre 2007

« Ainsi, de ce point situé au pied de la citadelle, j’avais, à mon extrême gauche, Herstal, le berceau des rois de la seconde race, où naquit Pépin le Gros, père de Charles Martel et grand-père de Pépin le Bref, et à mon extrême droite, le château de Ranigule, d’où Godefroy de Bouillon partit pour la Terre-Sainte.

Liège, St-Barthelemy

Liège, St-Barthelemy

Puis, encadrés entre ces deux grands souvenirs, toujours en allant de gauche à droite, du nord à l’ouest au delà de l’Ourthe, le point d’où Boufflers bombarda la ville en 1691 : puis, de ce côté de la Meuse, presqu’à mes pieds, au bout de la rue Hors-Château, l’église de Saint-Barthélémy, la plus vieille de Liège ; puis en reportant mes yeux sur l’Ourthe, le pont d’Amercœur, où le duc de Bourgogne fit jeter les bourgeois révoltés, et qui a gardé de ce triste fait son nom douloureux.

Au delà de ce pont, le faubourg d’où Dumouriez,en 92, délogea les impériaux, et que ceux-ci brûlèrent en se retirant, et qui, rebâti par le premier consul, conserva quelque temps le nom de faubourg Bonaparte, puis reprit celui de faubourg d’Amercœur, la vieille catastrophe ayant laissé plus de souvenir que le bienfait récent : puis sur le quai, au-dessous de l’église Saint-Barthélémy, la maison du seigneur Curtius, avec ses trois cent soixante-cinq fenêtres, son œsopée complète, et sa tradition diabolique.

Le palais de justice, autrefois le palais du prince évêque, avec sa belle cour entourée de colonnes du XIVe siècle, et son portail de Guillaume de Lamark, le fameux Sanglier des Ardennes, sculpté sur le quatrième pilier à droite, en entrant par la place Saint-Lambert. Puis, en plongeant au delà de l’Université, entre le séminaire et le faubourg d’Avroy-Saint-Jacques, la merveille de Liège, avec son architecture à la fois gothique et arabe, Saint-Paul, devenue cathédrale depuis 1793, époque à laquelle elle a succédé à Saint-Lambert, l’ancienne métropole, qui tomba comme tombaient les reines en ce temps-là, abattue par le peuple.

Saint-Jean et sa tour byzantine, la maison de Warfusée, de sanglante mémoire, dont il ne reste, derrière la Meuse, que la poterne par laquelle entrèrent les Espagnols. Sur la même ligne et au delà du faubourg Saint-Gilles, les bénédictins de Saint-Laurent, qu’il ne faut pas confondre avec ceux de Saint-Maur, les derniers, fameux par leurs chroniques
historiques, et les premiers par leur chronique scandaleuse.

Puis l’église Saint-Martin ; la première où, sur la prière d’une religieuse nommée sœur Julienne, qui avait rêvé voir la lune partagée en deux, le pape permit l’institution de la Fête-Dieu, qui se répandit sur tout le monde chrétien, et qui ne s’est encore retirée que de France. Enfin, la maison de campagne où l’évêque Henry de Gueldre se vantait d’avoir fait vingt-neuf bâtards en une année, et qui de cette prouesse monacale a conservé le nom de bâtarderie. »

Impressions de voyage, Alexandre Dumas, 1851

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Le Perron de Liége, par le Voyageur François

13 octobre 2007

On ne va point à Liége sans visiter le Perron, qui est ici, comme à Troyes le Palladium. Dans l’origine, ce n’étoit qu’un pilier, devant lequel on rendoit la justice. Les Corps de métiers l’ont mis dans leurs bannières en signe d’union & de liberté; & la ville l’a fait entrer dans ses armes. On avait coutume d’y convoquer le peuple, d’y publier les loix, les arrêts, les sentences; & personne n’osoit violer une ordonnance revetue de cette formalité. Les habitans croient que leur prospérité dépend de la conservation de cette colonne.

Lorsque le duc de Bourgogne prit la ville d’assaut, il ne crut pas pouvoir la punir d’une maniere plus sensible qu’en transportant à Bruges ce superbe Perron. Il le filt élever dans la Bourse, comme un trophée de sa victoire, & un sujet de risée pour le peuple Flamand. Le Perron resta dix années entières dans cette ignominie, plus humiliante pour les Liégeois que les dures conditions auxquelles ils s’étoient soumis.

Perron Liégeois, 1478 (Musée d'Ansembourg)

Perron Liégeois, 1478 (Musée d'Ansembourg)

Ce ne fut qu’à la mort de ce Prince, qu’ils oserent en espérer la restitution. Ils la sollicitèrent vivemement auprès de Marie de Bourgogne, qui leur permit enfin de venir le reprendre. Ils députerent à cet effet l’élite de la bourgeoisie. Ces Députés formerent une cavalcade pompeuse, & rapporterent en triomphe leur cher Palladium. Les Liégeois allerent au-devant, le reçurent avec beaucoup de cérémonies, & le poserent sur la place du marché, où il est demeuré depuis en grande vénération. Les Magistrats ne sauroient donner une plus grande marque d’affection aux bourgs & aux villages de cet Etat, qu’en leur accordant le droit du Perron: c’est à peu près comme anciennement à Rome le droit de citoyen. On m’en fit voir à Spa, à Franchimon, & à Chaudfontaines, petit hameau dans le voisinage de cette capitale, où quelques personnes vont prendre des bains.

Le Voyageur François, ou la connoissance de l’ancien et du nouveau monde, tome XX, 1775.


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Liège en 1836, par le Magasin Pittoresque

30 septembre 2007

« De Namur à Liége, le trajet se fait en suivant le cours de la Meuse, encaissée dans des rochers pittoresques, chargés ça et là de châteaux ruinés. La vanité belge est fort satisfaite d’avoir ainsi dans ses propriétés une imitation et un avant-goût des grandes rives du Rhin.

Liège nous offrit bientôt sa ville nouvelle, pendant, au bas d’une colline, au pied de la ville ancienne. Nous y vîmes un monument gothique d’un style particulier; c’était autrefois le palais de l’évêque de Liége. Une immense cour intérieure est entourée de péristyles dont les colonnes sont décorées de formes végétales, sculptées à l’imitation de la figure humaine: ces colonnes, épaisses et courtes, dont pas une ne ressemble à l’autre, soutiennent un seul étage de style roman.

L’industrie des houillères fait toute la richesse de Liége. Les petites collines qui entourent la ville sont semées de ces grandes tours de briques rouges qui servent de foyer aux usines. Nous visitâmes une mine de charbon appartenant à M. Lesouanne; nous trouvâmes dans ces galeries souterraines des émotions vives dont le souvenir nous accompagna toute la nuit sur la route de l’Allemagne, et qui ne fit place qu’à l’admiration que nous inspira le lendemain matin Aix-la-Chapelle, la ville de Charlemagne, devenue prussienne en 1815. »

Le Magasin Pittoresque, 1836, 4ème année, fev -juil.

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