Archive for the 'enfant' Category

Aux Etats-Unis, Newport donne la même impression que Liège

4 juillet 2008

« Newport me paroissoit ressembler à un tombeau, où des squelettes vivans se disputoient quelques herbes. Il me rappela la peinture faite de l’Egypte , par M. Volney. Il sembloit voir une ville dont la peste et le feu avoient dévoré les habitans et les maisons.
Vous en aurez vous-même une image exacte, en vous rappelant, mon ami, l’impression que fit sur nous la vue de Liège.
Rappelez-vous cette foule de mendians, qui se succédoient sur la route pour nous importuner; cet amas irrégulier de maisons gothiques, enfumées, délabrées, ayant des fenêtres sans vitres, des toits à moitié découverts. Rappelez vous les figures, ayant à peine le caractère de l’humanité, montrant à chaque porte une peau jaune, perçant au travers d’une couche de noir, occasionnée par le charbon de terre; une foule d’enfans en guenilles; les ponts et les maisons tapissés de haillons; enfin, représentez-vous l’asyle de la faim, de la coquinerie, de l’effronterie qu’inspire la misère générale , et vous vous rappellerez Liège, et vous aurez une image de Newport; et cependant ces deux places sont dans une situation heureuse pour le commerce, et dans un terrein qui n’est pas infertile. Mais à Liège , les productions du pays servent à contenter les fantaisies d’une cinquantaine de fainéans ecclésiastiques, qui, profitant des antiques préjugés religieux, se vautrent dans les plaisirs, au milieu de malheureux qui meurent de faim (1). A Newport, le peuple, trompé par deux ou trois fripons , a lui même causé sa misère, et détruit les bienfaits dont la nature l’avoit gratifié.

(1) Lorsque j’écrivois ces ligne, j’étais loin de prévoir la révolution de Liège. La liberté y déploye ses drapeaux. Fasse le Ciel qu’elle triomphe et achève son ouvrage!  »


Nouveau voyage dans les Etats-Unis de l’Amérique Septentrionale fait en 1788, J.P. Brissot, Paris, 1791.


Liège au 18ème siècle

Les enfants employés dans les mines de Liège savent-ils lire ?

25 janvier 2008

« Réponses de M. l’Ingénieur du sixième district de la troisième division des mines. Liège

QUESTION. Les enfants employés dans les mines, savent-ils, en général, lire et écrire? Ont-ils des heures libres pendant lesquelles ils pourraient assister aux leçons, soit des écoles du jour, soit des écoles dû soir, là où il en existe?

Enfant Mine charbonnage

RÉPONSE, Les enfants employés dans les mines ne savent pas, en général, lire et écrire. Les mineurs sont, sous ce rapport, d’une insouciance très-grande; dans beaucoup de mines d’ailleurs, les enfants, même au-dessous de dix ans, gagnent déjà un salaire, en faisant le triage des pierres sur les tas de charbon extrait. Dans les mines de Seraing, les enfants étant employés douze heures par jour, il est impossible qu’ils puissent, après une fatigue aussi prolongée, suivre avec le moindre fruit les leçons données aux écoles. Dans les mines situées au nord de la Vesdre, le travail du matin cessant vers deux heures, les ouvriers pourraient assister aux écoles du soir, s’il en existait. »

Enquête sur la condition des classes ouvrières et sur le travail des enfants, 1846, Ministère de l’intérieur

Autres billets sur les mines, ici
Liège au 19ème siècle

La population des fabriques de draps et des filatures à Liège au 19è siécle

23 janvier 2008

«La population des fabriques de draps et des filatures, placée dans des circonstances propres à faire naître le crétinisme, est par cela même portée plus qu’aucune autre aux actes vénériens.

La constitution de cette population ouvrière se détériore d’autant plus que ces actes se répètent plus souvent. La famille des ouvriers les plus faibles est ordinairement nombreuse : mais quels êtres peuvent provenir d’individus cacochymes et malingres? Les enfants qu’ils procréent, loin d’être plus tard de quelque secours à la famille, sont une nouvelle charge pour elle.

Ils naissent malades et traînent une pénible existence jusqu’au moment où la mort vient mettre un terme à leur souffrance et rendre au travail une mère qui avait dû l’abandonner pour les soigner. Autre cause de misère et de privations !»

Enquête sur la condition des classes ouvrières et sur le travail des enfants, Ministère de l’intérieur, 1846

Autres billets sur la santé à Liège
Liège au 19ème siècle

Les servantes enferment leurs maîtres jusqu’à obtenir un gâteau

28 décembre 2007

« 28 décembre, Jour des Innocents. Cette fête que nous trouvons déjà indiquée dans la liste des fêtes de l’église de Carthage, composée vers la fin du cinquième siècle, fut instituée en souvenir des petits enfants que le roi Hérode fit égorger. La légende chrétienne accordait au couvent de Saint-Gérard, dans le Namurois, les corps de deux de ces Saints-Innocents : Benjamin et Philippe, rapportés par saint Gérard d’un monastère appelé Autas, en Italie.

[..]Le jour des Innocents est en Belgique plus qu’ailleurs une fête des plus populaires. Car si la jeunesse, à la Noël, a moins de réjouissances en Belgique que dans les autres pays teutoniques, elle est indemnisée par le jour des Innocents, véritable fête de l’enfance, où les enfants sont maîtres dans la maison et les parents à leur tour doivent leur obéir.

Dans les environs de Liége, les servantes jouissent encore du privilège d’enfermer leurs maîtres jusqu’à ce qu’ils leur aient promis un gâteau, et de se mettre ensuite à la table de famille pour être du dîner qu’a commandé le plus petit enfant de la maison. L’enfant même, travesti et muni des clefs, doit apporter le gâteau et en servir à tous les convives.»

Traditions et légendes de la Belgique. tome II, Le Baron de Reinsberg-Düringsfeld, 1870


Fêtes et traditions à Liège
Liège au 19ème siècle