« La diète de Ratisbonne ayant donné ordre à tous les princes de l’Empire de s’armer contre la France dont on craignait les envahissements, l’embarras fut grand pour les Liégeois qui venaient de conclure avec cette dernière puissance un traité par lequel leur neutralité avait été reconnue. Les remontrances qu’ils firent à l’Empereur furent vaines; les Hollandais qui occupaient la Chartreuse menaçaient de mettre le feu à la ville si les bourgeois ne se soumettaient aux instructions de la diète; il fallut donc bien obéir, et la principauté de Liége, dont les forces militaires consistaient en un seul régiment, déclara la guerre à Louis XIV. On imposa des taxes, on leva de nouvelles recrues, et l’on se disposa à résister aux armées du grand roi. Le marquis de Boufflers eut bientôt calmé cette belliqueuse ardeur. Après s’être emparé de la Chartreuse, il bombarda la cité pendant cinq jours (4-9 juin 1691).
Après ce grand désastre, le siége des affaires de la commune fut provisoirement transporté dans une vaste maison du bas de la Sauvenière, jusqu’à ce qu’on pût entreprendre la construction d’un nouveau bâtiment destiné à cet usage.
Les guerres continuelles et les passages de troupes dont notre territoire fut alors le théâtre retardèrent cette construction jusqu’en 1713, époque à laquelle la paix d’Utrecht vint enfin rendre le calme au pays. »
Liège pittoresque, Matthieu Lambert Polain, 1842.