« Charlemagne portait une affection particulière au pays de Liège, au berceau de sa famille. Il venait fréquemment se reposer de ses fatigues, ou passer les fêtes de Pâques ou de Noël, à Herstal, à Jupille et à Liége, où tout rappelle encore aujourd’hui son souvenir. Ici c’est quelque église fondée par lui ou par Ogier le Danois; là c’est une tradition populaire dont quelqu’un de ses paladins est le héros. Dans les campagnes, plus d’un arbre vénérable porte le nom d’arbre de Charlemagne, et plus d’un vieillard vous raconte, d’une voix grave et pieuse, la légende des Quatre Fils Aymon, dont le cheval Bayart imprima, selon le dire du peuple, l’un de ses fers dans l’énorme rocher à pic qui se dresse près de la ville de Dinant. Au village d’Oupeye on vous montre une vieille tour qu’habitait, dit-on , la célèbre Alpaïde, mère de Charles Martel.
Quand vous visitez avec quelque savant les ruines de Franchimont, il ne manque pas de vous dire que les historiens font remonter l’origine de ce manoir à Pharamond, et que d’autres en reportent la construction à Chilpéric. Non loin de là on vous conduit sur le théâtre de cette fameuse bataille de l’Amblève, où Charles Martel défit l’armée des Neustriens et des Frisons, et préluda aux victoires de Vinchy et de Soissons. C’est à Liége que fut exilé avec sa femme et ses enfants le dernier roi des Lombards, Didier que l’empereur, après l’avoir vaincu, en 774, y plaça sous la garde de l’évéque Agilfride. Plusieurs de nos anciens et naïfs chroniqueurs rappellent les merveilles et les pompes des cours plénières que Charlemagne tenait en cette ville, et citent avec orgueil les glorieux faits d’armes que les hommes de la cité éburonne accomplirent sous l’étendard dont il la gratifia , et qui, pendant plusieurs siècles, fut si célèbre dans l’histoire de l’évêché sous le nom d’Étendard de saint Lambert, ainsi appelé parce qu’il était confié à la garde du chapitre de la cathédrale liégeoise. »
Belgique et Hollande, l’Univers, M. Van Hasselt, Paris, 1844