« Héraclius [.. ]venait de succéder à Baudri sur le siége de Liége (959) [..].
L’évêque Héraclius, dont nous venons de parler, ne se distingua pas moins par sa piété que par sa science. Il était tourmenté d’un horrible cancer, qui lui dévorait les chairs, et défiait tous les efforts de la médecine(b). Voyant les remèdes humains inutiles, il résolut de s’adresser au glorieux St. Martin de Tours, dont on racontait chaque jour les nombreux prodiges; et se fit porter près du tombeau de ce célèbre Thaumaturge de la France. Il nous a laissé lui-même la relation de ce qui lui arriva pour lors. Après avoir passé sept jours dans l’église du Saint, en larmes et en prières : il vit la nuit suivante St. Martin lui- même, qui s’avança vers lui et lui dit : « Mon frère Héraclius, Notre Seigneur J.-C., dans sa miséricorde, veut bien vous guérir. Allez trouver nos frères les chanoines (de Tours) et dites leur ce que le divin Sauveur vient de vous faire, pour qu’ils l’en remercient avec tout le peuple. Aujourd’hui même vous offrirez en reconnaissance à Dieu une messe solennelle, afin d’augmenter la foi et la confiance de ceux qui vous ont vu, hier encore, condamné à une mort inévitable.
L’évéque se hâta de se lever. Les ecclésiastiques et le chevaliers qui l’avaient accompagné, ainsi que tout le collége des chanoines, furent bien étonnés de le voir sain et vigoureux. Il leur montra la place où avait été le siége du mal. Tout avait disparu : une petite ligne rouge l’entourait encore, comme pour attester d’autant mieux le miracle. Aussitôt les chanoines le choisirent pour confrère.
Il célébra avec pompe le saint sacrifice et combla l’église de présents. Chaque année il retournait à Tours pour remercier Dieu d’une si insigne faveur. Il ne se contenta point de ces marques de gratitude; il bâtit dans sa ville épiscopale une église sous l’invocation de St. Martin, et y fonda un chapitre de 30 chanoines. Ce chapitre reçut la même régle que celui de Tours, et il se forma entre les deux communautés une sainte union de prières, de bonnes œuvres et de mérites. Ils avaient ordre de se visiter souvent les uns les autres et de se traiter en tout comme frères.
Liège, Eracle, guérison miraculeuse
(b) On nommait ce genre de maladie, le loup; et l’évêque lui-même raconte que l’inflammation était si violente , qu’elle dévorait par jour plus de quatre poulets, qu’on appliquait sur la plaie pour l’adoucir. Celle-ci ne laissait pas cependant que de s’élargir sans cesse. »
Belgique catholique. Saints et grands hommes du catholicisme en Belgique, Corneille Smet, 1852
Liège au 10ème siècle
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