Voici, d’après Saumery, l’auteur des Délices du pays de Liège, quelques détails sur ce fameux incendie :
« Sur la fin du douzième siècle, selon le plus ancien de ses historiens, le feu prit à une maison voisine de l’église bâtie par Notger, et en peu de temps gagna l’église.
Deux tours qui en faisaient partie furent aussitôt brûlées et renversées.
Les cloches les plus sonores qui fussent au monde furent brisées.
Le plomb, dont l’église était couverte , loin d’empêcher l’incendie de la charpente, ne servit qu’à l’enflammer. La chute des poutres causa la destruction totale du pavé, qui était de marbre; tous les autels généralement, à l’exception du principal, devinrent la proie des flammes. Les peintures et les tapisseries eurent le même sort. On fut assez heureux pour sauver de ce déluge de feu, la châsse de saint Lambert; mais on perdit, en la transportant, une grande quantité de pierres précieuses dont elle était garnie. Une magnifique couronne, qui était au milieu de là nef, et qu’on aurait souhaité garantir de l’embrasement, fut mise en pièces. En un mot le vaisseau entier de l’église et les cloîtres contigus furent réduits en cendres. L’évêque et le chapitre prirent, quelque temps après, la résolution de faire bâtir une nouvelle église, et de démolir le grand autel, que les flammes avaient épargné. [..]
Le plomb fondu qui tombait du toit empêchait, selon un écrivain postérieur (Fisen), d’approcher de l’église et d’y apporter quelque secours.
L’incendie dura treize jours. La châsse de saint Lambert fut placée au milieu de l’église; mais l’impétuosité du feu ne fut point ralentie.
Je ne puis me dispenser de rapporter ici, sur la foi de cet auteur, un fait très-singulier et qui tient du miracle. Les ossements de saint Lambert étaient conservés dans une châsse de bois revêtue de métal. L’autel sur lequel elle fut exposée au milieu de cette église en feu, était aussi en bois, où était un marbre qui portait ce précieux dépôt. Les flammes semblant le respecter réduisirent en cendres l’autel, le marbre et le métal, sans nuire à la châsse de bois, qui ne fut pas même ternie par la fumée.
La bibliothèque de cette église, qui était remplie d’un grand nombre de livres choisis, et le trésor des Chartres furent aussi consumés par les flammes ; on sauva néanmoins les registres publics; et l’on porta le corps de saint Lambert, avec les reliques de plusieurs autres saints, dans l’église de St.-Barthélemi, où ils restèrent pendant le temps qui fut employé à bâtir une nouvelle église. »
Salaumy, in Histoire des bibliothèques publiques de la Belgique, Jean Pie Namur, T.3, 1842
La Cathédrale St-Lambert de Liège
Liège au 12ème siècle
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