Archive for the 'esprit' Category

Les Liégeois , « têtes de houille »

18 Mai 2008

« Liège, en latin Leodum ou Leodicum – était une ville créée par les Mérovingiens au confluent de la Meuse et de l’Ourthe. Hérissé de hauts fourneaux, son territoire était par ailleurs creusé de mille galeries souterraines d’où l’on extrayait du charbon de pierre, appelé houille, sorte de matière noire qui avait l’apparence d’une pierre luisante et qui avait valu aux indigènes le sobriquet de « têtes de houille » dont, du reste, ils s’enorgueuillissaient.

L’habitude de ronger le sous-sol avait fait des Liégeois d’excellents sapeurs, fort recherchés par les armées pour renverser par en dessous les murailles des châteaux. Paradoxalement, le fait de passer leurs journées dans des galeries dégorgeant une gange nauséabonde n’altérait en rien l’humeur de ces gens-là. Ils étaient, par nature, primesautiers. Mais également inconstants, capables de sautes d’humeur aussi peu prévisibles qu’une pluie d’été. Et aussi fanfarons que chaleureux.  »


Le Manuscrit de la Giudecca, roman, Yvon Toussaint, Fayard, 2001


Liège et les écrivains
Le caractère Liégeois

Les Liégeois ont en général l’esprit vif…

14 décembre 2007

« Les Liégeois ont en général l’esprit vif et le caractère gai ; c’est ce qui fait qu’ils sont assez grands parleurs : ils sont féconds en réparties et en saillies. On les appelle communément les Gascons de la Meuse.

Liège, botteresses

Les botresses, par exemple, sont renommées pour leurs propos grossièrement facétieux, si l’on peut parler ainsi, et durement piquans. Ils sont inventifs et industrieux (a) , actifs et entreprenans ; ils aiment à voyager (b). Ils ont justement la réputation d’être hospitaliers et affables aux étrangers.

(a) C’est un Liégeois, Renkin, qui a construit la machine de Marly ; c’est un habitant de Spa, Dagly, qui est l’inventeur d’un vernis à l’épreuve de l’eau et du feu , qui fut mis en usage à la manufacture des Gobelins.

(b) Témoin le père Barthelemi Deschamps, natif de Liège , gardien des Récollets de Verviers , qui entreprit en 1666 un voyage de Liège à Jérusalem , dont il a laisse une description ; témoin Jean Hésius, prêtre de Liège , qui , dans un tems bien plus reculé , en 1389, avait déjà entrepris un semblable voyage , dont il a donné une relation latine, il avait parcouru la Judée, l’Arabie, l’Ethiopie , etc. »

Dictionnaire géographique du royaume de Pays-Bas, Louis Dieudonne Joseph Dewez, 1819.

L’esprit Liégeois
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Liège, ville d’agitations et d’imprévus caprices

19 novembre 2007

«Liberté orageuse, sans doute, ville d’agitations et d’imprévus caprices. Eh bien, malgré cela, pour cela peut-être, on l’aimait. C’était le mouvement, mais, à coup sûr, c’était la vie (chose si rare dans cette langueur du moyen âge!), une forte et joyeuse vie, mêlée de travail, de factions, de batailles on pouvait souffrir beaucoup dans une telle ville, s’ennuyer ? jamais.

Le caractère le plus fixe de Liège, à coup sûr, c’était le mouvement. La base de la cité, son tréfoncier chapitre, était, dans sa constance apparente, une personne mobile, variée sans cesse par l’élection, mêlée de tous les peuples, et qui s’appuyait contre la noblesse indigène d’une population d’ouvriers non moins mobile et renouvelée.

Curieuse expérience dans tout le moyen âge une ville qui se défait, se refait, sans jamais se lasser. Elle sait bien qu’elle ne peut périr; ses fleuves lui rapportent chaque fois plus qu’elle n’a détruit; chaque fois la terre est plus fertile encore, et du fond de la terre, la Liège souterraine, ce noir volcan de vie et de richesse, a bientôt jeté, par-dessus les ruines, une autre Liège, jeune et oublieuse, non moins ardente que l’ancienne, et prête au combat.»


Histoire de France jusqu’au XVIe siècle, Jules Michelet 1852


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Liège fut une fabrique d’hommes

17 novembre 2007

«Liège fut une grande fabrique, non de drap ou de fer seulement, mais d’hommes; je veux dire une facile et rapide initiation du paysan à la vie urbaine, de l’ouvrier à la vie bourgeoise, de la bourgeoisie à la noblesse.

Je ne vois pas ici l’immobile hiérarchie des classes flamandes. Entre les villes du Liégeois, les rapports de subordination ne sont pas non plus si fortement marqués. Liège n’est pas, ainsi que Gand ou Bruges, la ville mère de la contrée, qui pèse sur les jeunes villes d’alentour, comme mère ou marâtre. Elle est pour les villes liégeoises une sœur du même âge ou plus jeune, qui, comme Église dominante, comme armée toujours prête, leur garantit la paix publique.

Quoiqu’elle ait elle-même par moments troublé cette paix, abusé de sa force, on la voit, dans telles de ses institutions jurididiques les plus importantes, limiter son pouvoir et s’associer les villes secondaires sur le pied de l’égalité.»


Histoire de France jusqu’au XVIe siècle, Jules Michelet 1852

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