Archive for the 'ouvrier' Category

Le peuple de Liège défait le château des seigneurs

13 mars 2008

«Liége, assise au travail sur sa triple rivière, est, comme on sait, dominée par les hauteurs voisines. Les seigneurs qui y avaient leurs tours, qui d’en haut épiaient la ville, qui ouvraient ou fermaient à volonté le passage des vivres, lui étaient justement suspects. Un matin, la montagne n’entendait plus rien de la ville, ne voyait ni feu ni fumée ; le peuple chômait, il allait sortir, tout tremblait. Bientôt en effet, vingt à trente mille ouvriers passaient les portes, marchaient sur tel château, le défaisaient en un tour de main et le mettaient en plaine; on donnait au seigneur des terres en bas, et une bonne maison dans Liége.

C’est ce qui arriva au chevalier Radus. Au retour d’un voyage qu’il avait fait avec l’évêque de Liége, il chercha son château des yeux, et ne le trouva plus :
« Par ma foi! s’écria-t-il, sire évêque, ne sais si je rêve ou si je veille, mais j’avois accoutumance de voir d’ici ma maison sylvestre, et ne l’aperçois point aujourd’hui.
— Or, ne vous courroucez, mon bon Radus, répliqua doucement l’évêque ; de votre château, j’ai fait faire un moustier ; mais vous n’y perdrez rien. « »


Histoire de France, Jules Michelet, 1861

La population des fabriques de draps et des filatures à Liège au 19è siécle

23 janvier 2008

«La population des fabriques de draps et des filatures, placée dans des circonstances propres à faire naître le crétinisme, est par cela même portée plus qu’aucune autre aux actes vénériens.

La constitution de cette population ouvrière se détériore d’autant plus que ces actes se répètent plus souvent. La famille des ouvriers les plus faibles est ordinairement nombreuse : mais quels êtres peuvent provenir d’individus cacochymes et malingres? Les enfants qu’ils procréent, loin d’être plus tard de quelque secours à la famille, sont une nouvelle charge pour elle.

Ils naissent malades et traînent une pénible existence jusqu’au moment où la mort vient mettre un terme à leur souffrance et rendre au travail une mère qui avait dû l’abandonner pour les soigner. Autre cause de misère et de privations !»

Enquête sur la condition des classes ouvrières et sur le travail des enfants, Ministère de l’intérieur, 1846

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