« L’arrivée de Maximilien dans les Pays-Bas n’y rétablit point la paix, si profondément troublée. La désorganisation y était complète et, en 1513, de violentes émeutes éclatèrent
à Malines et a Liège.
L’effervescence populaire était grande dans cette dernière cité. Les Liégeois, écrasés d’impôts, en rendaient responsables leurs magistrats municipaux, qu’ils accusaient de dilapidation.
N’obtenant pas justice par leurs murmures, ils envahirent tout à coup la place publique, et demandèrent le châtiment des coupables.
Une multitude d’hommes armés accoururent de tous les environs, et déjà on s’attendait à une sanglante mêlée, lorsque la promesse d’une enquête sévère sur les malversations commises, l’arrestation du trésorier de la ville et la nomination de deux délégués du collège du peuple chargés de contrôler la gestion financière de la commune, calmèrent les esprits.
Tout semblait terminé, lorsque deux bourgeois, en procès devant le tribunal des échevins, se prirent de querelle sur les marches de l’Hôtel de Ville. La foule se rassembla autour d’eux, appuya les réclamations de celui qui venait d’être condamné par les juges, et força l’entrée du tribunal, tandis que les magistrats éperdus s’élançaient aux fenêtres pour appeler au secours. En entendant ce tumulte, dont personne ne se rendait compte, métiers, bourgeois et nobles coururent aux armes, et il s’ensuivit une indiscible confusion. Les plus sinistres rumeurs se propageaient dans l’intervalle : « Les magistrats sont égorgés! » criaient les uns. — « On massacre le peuple ! » exclamaient les autres.
L’évêque, Erard de la Marck, crut à une insurrection générale. Accompagné des chanoines et des bourgmestres, il se rendit sur la place, où le seigneur de Sedan venait d’accourir à la tête d’une troupe choisie. Comptant sur l’appui de ce dernier, il ordonna aussitôt au corps de la bourgeoisie de se réunir dans leurs collèges, et alla en personne dans la chambre de chaque métier, pour y conférer avec leurs chefs; comme il sortait de celle des drapiers, il tomba sur les marches du perron et se cassa la jambe. A la nouvelle de cet accident, le peuple s’émut de pitié, s’apaisa, et tout rentra dans l’ordre accoutumé . »
Histoire du commerce et de la marine en Belgique, Ernest Jean van Bruyssel, 1861
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