Archive for the 'épidémie' Category

Une léproserie à Mont-Cornillon

13 juin 2011

Lorsque l’on quitte la route qui va à la Chartreuse pour prendre celle de Jupille, le premier objet qui frappe les regards, est l’hospice de Cornillon, situé au pied de la montagne et dont la tour gothique remonte au 12° siècle.

Quand de gigantesques expéditions eurent multiplié nos relations avec l’Orient, la lèpre, rapportée dans notre pays, s’y propagea en raison du grand nombre des Liégeois qui allaient combattre en Palestine et des pèlerins qui se rendaient aux Saints-Lieux. Au retour des croisés, ceux d’entre eux qui étaient frappés de la lèpre étaient considérés comme des objets dignes de la commisération générale ; on se faisait un devoir de les servir ; on regardait même la maladie qui les accablait comme une faveur particulière, un présent inestimable de la Divinité. Mais bientôt cette maladie redoutable exerça de si affreux ravages que l’on sentit la nécessité de séquestrer de la société ceux qui en étaient atteints. A l’aide d’aumônes publiques , on leur fit construire au pied du Mont-Cornillon de petites huttes, où ils étaient conduits avec tout l’appareil usité dans les enterrements.

Le zèle de la charité s’étant refroidi, ces infortunés se trouvèrent privés de toutes les commodités et même des choses nécessaires aux plus stricts besoins de la vie ; mais une sainte fille nommée Julienne, émue de compassion, leur fit don de deux cent-trente bonniers de terre. Le comte de Clermont y joignit cent bonniers de bois; d’autres seigneurs firent aussi des largesses , au moyen desquelles on construisit cet hospice l’an 1182. Il fut divisé en deux léproseries pour hommes et pour femmes, desservies par des religieux et des religieuses. Sainte Julienne devint la seconde Prieure de celle-ci et la première du nouvel établissement

Promenades historiques dans le pays de Liége, Volume 1, Jean Pierre Paul Bovy


Liège au 12ème siècle
Autres billets sur la santé et les épidémies à Liège

Etat sanitaire des Liégeois autour du Canal de la Sauvenière

23 décembre 2007

« En général, l’état sanitaire des ouvriers se maintint favorable, si l’on excepte peut-être celui des ouvriers des fabriques de draps et des filatures. Il est même à remarquer que les ouvriers, appartenant aux établissements métallurgiques et industriels, jouissent d’une meilleure santé qu’autrefois. On peut dire, sans crainte d’être démenti, que la constitution physique et l’état sanitaire de la population ouvrière de la province de Liége sont, en général, satisfaisants , bien qu’ils soient susceptibles de notables améliorations. En effet, plusieurs maladies qui régnaient endémiquement dans notre province, telles que la teigne , la croûte de lait, etc., s’observent moins souvent.

Les scrofules et le rachitisme ne se rencontrent plus guère que dans quelques rues étroites, obscures et mal aérées , où la population ouvrière des fabriques de draps, des filatures, des papeteries, c’est-à-dire celle qui a le plus besoin d’air et de lumière, va s’entasser de préférence ou plutôt par nécessité.

Les maladies épidémiques sont rares à Liége, et si, depuis un certain nombre d’années, les fièvres intermittentes s’y sont montrées quelquefois, il faut l’attribuer à la stagnation des eaux d’arènes et des eaux provenant des égouts dans le canal de la Sauvenière, d’où elles n’étaient balayées, par les eaux de la Meuse, que pendant les fortes crues. Les anciens médecins soignaient rarement des fièvres intermittentes autres que celles contractées à l’étranger. Les médecins modernes ont remarqué que les premières affections de ce genre ont pris naissance aux environs du canal précité, tant il est vrai que la cause de ces affections réside dans les effluves des eaux stagnantes. Ces fièvres offraient, du reste, un caractère très-benin.

L’administration communale a, depuis peu, fait voûter le canal de la Sauvenière ; on peut donc espérer que ces affections disparaîtront avec la cause qui les a produites.»

Enquête sur la condition des classes ouvrières et sur le travail des enfants, Ministère de l’intérieur, 1846


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Liège au 19ème siècle

Jean Persin pendant la peste à Liège en 1579

14 novembre 2007

« Jean PERSIN, de Jupille, se rendit célèbre par son infatigable charité durant la peste qui désola Liége et les environs, en 1579, après la prise de la ville de Maestricht par le duc de Parme. La contagion exerça de si grands ravages pendant trois mois, que la cité était devenue comme une solitude; l’herbe croissait dans les rues.

Dans ces jours de désolation , Jean Persin, ecclésiastique, animé d’un saint zèle, se montra partout, courant à pied , à cheval, dans la ville, dans les campagnes, pour porter des secours spirituels ou temporels aux malheureux pestiférés, dont le nombre s’était tellement multiplié , qu’ils mouraient sans secours.

Belzunce a trouvé des apologistes, et Persin a passé presque inaperçu dans l’histoire!… »

Biographie liégeoise, ou Précis historique et chronologique de toutes les personnes rendues célèbres.., Antoine Gabriel de Becdelièvre-Hamal, 1836


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Le 16ème siècle à Liège

1533, la peste à Liège

10 septembre 2007

totentanz_1538_holbein.gif« La grande inondation du 2 novembre 1532, indépendamment des ravages immédiats qu’elle exerça, eut des résultats éloignés non moins graves. Les terres imbibées d’eaux salines exhalèrent des miasmes délétères, que les chaleurs de l’été de 1533 vinrent encore activer.

[..] Cette maladie ou une autre que l’on qualifia de peste, éclata également la même année à Huy et se propagea dans la Hesbaie. Erard de la Marck, évêque de Liège , crut pouvoir s’en garantir, en défendant l’entrée de sa ville épiscopale à tout malade et à toute marchandise venant des contrées infectées. Ces mesures n’arrêtèrent nullement la marche de l’épidémie , qui se glissa d’abord dans les faubourgs et ensuite dans la ville de Liège elle-même, où elle fit de nombreuses victimes. La défense concernant les personnes et les marchandises venant d’endroits suspects fut alors renforcée de peines sévères , entre autres, de celle de cinquante ans de bannissement.
Les habitants atteints de la peste, furent placés sous un régime spécial de police : ils devaient porter ostensiblement une baguette blanche longue d’une aune et demie, éviter de s’entretenir avec les personnes saines, ne pas toucher aux eaux publiques et faire toutes leurs lessives dans la Meuse.  »

Fastes des calamités publiques survenues dans les Pays-Bas et particulièrement en Belgique depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours, Louis Torfs, 1859


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Le 16 ème siècle à Liège