« La patience, l’humilité, la modération, devroient, toujours être l’apanage de celui qui se dévoue à l’état religieux : Notger , à ces qualités, joignoit un génie flexible susceptible d’entreprendre & d’exécuter les plus grandes choses. A peine sorti de l’enfance, reçu dans le monastère de St.-Gal, il y fit de si bonnes études, &, par son application, acquit en peu de temps des connoissances si étendues, qu’Odillon, Abbé de Stavelo, le pria de se charger de la direction des écoles de son Abbaye : il y enseigna les sciences à une jeunesse nombreuse, parmi laquelle on distinguoit le célèbre Adelman & le philosophe Eggihard.
On le rappela bientôt à son premier monastère, pour y remplir les fonctions de Prieur. Une vie édifiante , des mœurs douces & faciles, l’assiduité au travail : voilà l’exemple qu’il proposoit à suivre aux religieux de St.-Gal. Semblable à une brillante aurore qui présage un beau jour , sa réputation naissante attira les regards d’Othon premier ; Brunon , Archevêque de Cologne, qui se plaisoit à rassembler les savans à la cour de cet Empereur, ne voulut pas laisser tant de talens enfouis dans un cloître : il invite le jeune solitaire à paroitre sur un théâtre plus vaste & plus digne de lui. Notger s’arrache à regret à l’asyle qu’il s’étoit choisi. Othon le reçut avec bonté, lui accorda sa confiance, & l’initia même aux secrets de l’état : tel fut le fruit de son amabilité, de sa profonde érudition, & principalement de son habileté dans les affaires. »
Mélanges de littérature et d’histoire, Hilarion Noël Villenfagne d’Ingihoul, Liège, 1788
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