Lettre à propos du séjour de Pétrarque à Liége en 1333.

17 octobre 2007

A M. Grangagnage.
Bruxelles, le 23 avril 1853

PétrarqueMonsieur et très-honorable confrère, dans le bulletin de l’Institut archéologique liégeois, quelques pages au séjour de Pétrarque à Liège en 1333. Ces pages ont naturellement attiré mon attention particulière en ma qualité d’ancien préfet de Vaucluse.

Votre savant compatriote me semble se courroucer un peu trop d’une plaisanterie épistolaire du poëte à propos de la difficulté qu’il prétendait avoir éprouvée de se procurer de l’encre, et même de l’impossibilité d’en avoir de la bonne. Le fait peut fort bien être vrai, sans néanmoins que cela tire à conséquence. Pareille chose m’est arrivée plus d’une fois, dans de très-grandes villes et dans les meilleures auberges. Je tiens beaucoup à réhabiliter Pétrarque aux yeux des Liégeois, et je n’ai besoin, pour y parvenir, que de citer la phrase suivante d’une missive du poëte de Vaucluse à son ami l’évêque de Lombez, Jacques Colonna, frère du cardinal:

« J’ai veu Liége, la fille aisnée de Rome; elle est excellente et illustre par son orthodoxie, sa splendeur et la double fâme de sapience et de vertu dont jouissent ceux qui la composent ».

Certes il est impossible de faire un plus bel éloge de Liége, de cette bonne ville barbare comme il l’appelle ailleurs, barbare suivant l’usage des Romains, parce qu’elle n’appartient pas à l’Italie.
Je serais charmé que cette lettre, grâce à votre obligeance, trouvât place dans le Bulletin de votre Institut archéologique. Je ne pense pas que cette insertion puisse désobliger le moins du monde M. Hénaux, dont j’apprécie le mérite autant que personne. Agréez, etc. Le Baron de Stassart

Oeuvres complètes du baron de Stassart, 1855


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