«Les ravages que la fatale nécessité du duel cause dans les familles, dans la société, et même dans les partis, ont éveillé la sollicitude de philantropes utopistes.
Il s’est formé à Liège une société contre le duel, à l’imitation des sociétés de tempérance et d’anti-tabac. Personne n’en est à justifier le duel sous le point de vue moral ou religieux, tout le monde l’admet comme une conséquence sociale : M. Dupin, dans l’affaire de M. de Lamarthonie, n’a rien dit à la cour de cassation, que n’eût écrit en meilleurs termes Jean-Jacques Rousseau. Les mœurs font les lois, les lois ne font pas les mœurs : encore moins les sociétés particulières liégeoises ou autres empêcheront-elles des gens de cœur de se couper la gorge,— expression consacrée, — ( en duel on se perfore, on ne se coupe jamais la gorge).
Laissons donc Liège, la ville des pistolets, s’associer contre les duellistes qui ne lui demanderont pas de permission : nous trouvons bien plus raisonnable l’entreprise d’un homme du monde, de M. le comte de Chaleauvillart, qui a voulu régulariser le duel, lui prescrire un code, des lois, et diminuer ainsi le nombre des accidens ou des crimes [..] »
La Revue de Paris, Marc Le Goupils, Tome 32è, 1836
Sur le duel à Liège, lire aussi le dernier paragraphe du bilet sur le tribunal de Notre-Dame-aux-Fonts